Legaltech
Contexte
Isaac Asimov, ayant apporté de nombreuses réflexions sur la place du robot dans notre société, avait ironisé : « La différence entre l’être humain et le robot n’est peut-être pas aussi significative que celle qui oppose l’intelligence et la bêtise ».
L’on se souvient déjà largement du concept du robot-juge, notamment très développé en Estonie, et il semblerait que chaque acteur d’un procès se verra un jour ou l’autre remplacé par quelques réseaux neuronaux artificiels.
L’entreprise américaine DoNotPay, en utilisant son système d’intelligence artificielle ChatGPT, se targue d’avoir inventé le premier robot avocat du monde. D’après plusieurs sources, la première utilisation de ce pourfendeur des bonnes causes, composé d’algorithmes, se ferait en février 2023 devant un tribunal américain, à l’occasion d’une affaire liée à un excès de vitesse.
Le CEO de la start-up a annoncé le paiement d’un million de dollars à un avocat ou à la personne qui porterait des AirPods devant la Cour suprême des Etats-Unis, en répétant simplement ce que le robot avocat souhaite plaider. Sommes-nous dans les prémisses d’un véritable changement de la pratique au sein d’un tribunal ? Détails sur cette annonce.
Réduction des frais de justice et meilleure défense ?
À l’origine, ChatGPT est un système crée pour faciliter les démarches parfois complexes auxquelles sont confrontés les néophytes du monde judiciaire. Ainsi, à l’instar d’un gavage d’oie, ladite intelligence artificielle s’est vue remplir de textes de lois, documents légaux, jurisprudences et procédures administratives, au point d’arriver, sur une logique quasiment mathématique, à la moindre solution au problème juridique posé. À titre d’exemple, le système avait parfaitement réussi à obtenir le remboursement de 16 dollars qu’une banque devait à une personne test. Au-delà de promettre la garantie d’une meilleure défense à n’importe quel justiciable, puisque le robot sera à la fois capable d’écouter tous les discours dans la salle d’audience, donner des instructions et comparer une décision alléguée sur sa base de donnée tout en émettant une prélude de Bach pourquoi pas, c’est avant tout un intérêt budgétaire qu’un tel système défend. En effet, la Chine s’était déjà vantée d’avoir économisé 45 milliards de dollars de frais entre 2019 et 2021, via l’installation de ses tribunaux intelligents. Face à cette progression de l’automatisation dans les secteurs juridiques, un grand dilemme se pose pour les praticiens : s’allier aux legaltech ou bien les défier. Dans un monde de plus en plus régi par les smart contracts et la blockchain, ces outils vont nécessairement se légitimer au fur et à mesure. Les réfractaires, devront donc, dans la logique de mieux connaitre son ennemi pour mieux le combattre, devenir de fins connaisseurs de la discipline et de son environnement.
Un aspect éthique en débat
L’annonce du procès bientôt organisée a eu pour effet d’agiter une levée de bouclier contre cette transformation de la profession, notamment sur ses prérogatives. Pour avoir donné la possibilité au logiciel d’exercer en tribunal, quelques restrictions furent contournées. En effet, les tribunaux américains interdisent, en principe, les téléphones et autres appareils connectés. De ce fait, des écouteurs reliés à un ordinateur sera autorisé puisque la société a trouvé un vide juridique permettant la présence des oreillettes en tant qu’aide auditive.
Cependant, il convient de rappeler que la justice, et plus particulièrement les décisions rendues par cette dernière, ne sont pas la simple résultante d’une combinaison de textes légaux. La dimension humaine reste prédominante dans la plupart des procès, et c’est bien là, l’unique débat sur lequel il y aura lieu de trancher au moment, ou non, d’une possible généralisation de tels procédés.
Mais…il semblerait que le Code Python renforce de plus en plus son étreinte sur tous les pans du secteur juridique.
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