Citations en Droit de la santé
Une seule épidémie a permis de confiner en quelques jours la population et le gouvernement est doté de pouvoirs absolus et sans contrôle. Le Conseil d’État et le Conseil constitutionnel sont des chambres d’enregistrement.
Il n’est plus question d’un biopouvoir mais de l’âge de la biolégitimité : protéger la vie à tout prix en sacrifiant les autres attributs de la vie (liberté, sociabilité).
Le Figaro, O. Faure, “Non, la France ne traverse pas la plus grande crise sanitaire de son histoire”, Article, 2020.
"De tout temps, le progrès technique a eu une influence sur le travail et l’emploi." L’IA peut permettre d’améliorer les processus de production en éliminant le taylorisme et la déshumanisation de l’Homme. Les individus ne travailleraient plus mécaniquement mais intellectuellement. Freiner le progrès de l’IA qui effraie une partie des citoyens revient donc à freiner la progression du mode de vie des individus.
Comité économique et social européen, Avis. L’intelligence artificielle : anticiper ses impacts sur le travail pour assurer une transition équitable, 2018
Les grandes innovations ont pu aboutir sans principe de précaution. Leurs créateurs ont mis la science au-delà des risques que leur innovation pouvaient faire courir sur le monde. Le principe a donc un effet contreproductif, particulièrement en période où on prône le besoin d’innover comme remède pour sortir de la crise économique, notamment en produisant moins cher.
P. Costa et P. Huguenin, Pour que le principe de précaution ne soit plus un frein à l’innovation, 2014
Pour s’assurer que les progrès médicaux ne compromettent pas des valeurs et principes comme le respect de la dignité humaine, la bioéthique s’est développée. On s’accorde sur des principes et interdictions pour que le progrès médical rime toujours avec l’amélioration des conditions de vie. Exemple : interdiction de la pratique de l’eugénisme et du clonage (art. 16-4 C. civ.).
D. Sicard, L’éthique médicale et la bioéthique, 2020
Une planification de l’Histoire et du progrès est possible, et même nécessaire. Il serait donc possible de se fixer des objectifs, des souhaits pour le futur. Pour s’assurer que le progrès soit source d’avancées et d’améliorations, il faut déterminer ce que nous attendons du progrès, quelle trajectoire notre société souhaite prendre. La planification permet aussi d’éviter une crise future (tension entre attente et expérience réellement vécue).
R. Koselleck, Le futur passé, 1990
Est juste la société qui ne tolère que les inégalités nécessaires au développement économique et à l’amélioration du sort de l’ensemble de la population. Une société bonne est la conjugaison de trois objectifs : l’efficacité économique, la justice sociale et la liberté individuelle. Le bien est en relation directe avec le plaisir, l’utilité sans s’y réduire nécessairement. Le juste est ce qui conduit au plus grand bien pour tous.
Application concrète de cette théorie : mesures redistributives mises en place par l’État-providence après la Deuxième Guerre mondiale (politique plein emploi sous la IVe république).
J. M. Keynes, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, 1936
L’éducation doit être pensée en relation avec le monde humain. Il faut éduquer l’individu sur le progrès, son encadrement et son appréhension, il serait alors vu comme élévation de l’humanité.
H. Arendt, La crise de la culture, 1961
La science ne vise pas seulement à satisfaire la curiosité humaine, elle vise à préparer et à améliorer l’action de l’Homme.
Descartes, Discours de la méthode, 1637
Il reprend les propos d’Einstein : “il n’y a pas de chemin qui aille de la confiance de ce qui est, à la connaissance de ce qui doit être”. Rien n’est dit sur les applications qui seront faites des innovations.
X. Pavie, Séminaire de théologie de l’Université de Princeton, 1939
Le progrès est sélectif, source d’inégalités. Il y a un risque d’aristocratisation terrible par l’argent du progrès, par ceux qui auront les moyens de prolonger leur vie et les autres dont le corps risque même d’être exploité.
M. Onfray, Féeries anatomiques : généalogie du corps faustien, 2003
Selon l’économiste et sociologue Alfred Sauvy, "L’Humanité est condamnée à un progrès à perpétuité."
J. Ellul, Le Système technicien, 1977
"Il ne faut pas laisser le progrès nous échapper, le progrès n’est pas quelque chose qui est autonome, c’est quelque chose qui doit être accompagné. On ne peut se méfier des gens qui sont partisans de l’homnimortel, de l’homme trop augmenté mais ce n’est pas pour moi le progrès. Le meilleur peut être le pire."
Olivier Véran, Conférence, 2015
Le progrès n’a comme perspective qu’une catastrophe interminable. Les anticipations futures ont des effets pathologiques : l’idée de progrès entraîne les individus à considérer qu’il faut bouleverser nos modes de vie perpétuellement. Si le progrès est à l’origine de catastrophes, ce n’est pas parce qu’il pourrait mener à des catastrophes naturelles ou sanitaires, mais bien parce que le progrès entraîne un perpétuel bouleversement du cours des choses.
W. Benjamin, Sur le concept d’histoire, 1940
La vie humaine est entraînée vers un progrès incessant pour actualiser l’espèce. Le développement inconscient de notre civilisation nous éloigne de notre condition primitive. Ce sont les mauvais penchants qui font avancer l’humanité, et c’est en cela que consiste le progrès : dépasser les dispositions naturelles de l’homme, transformer le mal en son contraire.
E. Kant, L’idée d’une histoire au point de vue cosmopolitique, 1784
La technique et ses progrès est une illustration de l’intelligence humaine. Si l’Homme a une main, c’est parce qu’il est intelligent et à même de s’en servir, c’est un instrument d’instrument. Les progrès techniques sont une preuve de la supériorité de l’espèce humaine : l’habileté instrumentale les distingue des animaux.
Aristote, Les parties des animaux, 4e siècle av. J-C.
Plus il y a de progrès et de connaissances, plus il y a de risques et d’incertitudes. Plus il y a de normes, moins les risques sont tolérés. Nos sociétés sont des "manufactures du risque". Objectivement, le risque n’a jamais été aussi peu présent dans la société qu’aujourd’hui et pourtant la société tolère de moins en moins le risque.
U. Beck, La société du risque sur la voix d’une autre modernité, 1986
L’analyse des conséquences de l’invention de ces deux bombes démontre que l’homme n’a plus aucune maîtrise de la technologie qu’il a pourtant créé lui-même. La technique dépasse désormais l’homme, elle est devenue autosuffisante.
G. Anders, L’Obsolescence de l’homme, 1956